Le Gîte
Le gîte « Chantegrel » est un ancien bâtiment agricole qui faisait partie de la propriété « Chaptal ». Il était composé de deux parties : une grange au premier étage et une écurie de « bédigues » (brebis) au rez-de-chaussée. Au 18ème siècle, l’édifice était un ancien café. Devant la grange, le papé Léon (notre arrière grand-père) battait, avec son fléau, le blé, sur une magnifique aire à battre, toujours visible.
Ce corps de ferme (tous les bâtiments qui se suivent sur la gauche quand vous montez la route) paraît volumineux pour ceux qui le traversent. Mais ne nous y trompons pas... Notre famille vivait modestement, comme la grande majorité des habitants de ce village.
En contrebas, se trouvait un garage qu’avait réalisé notre grand-oncle Roger dans les années 60 (avant la création du Parc National des Cévennes, en 1970). Peu en conformité avec l’architecture du pays, les actuels propriétaires décidèrent de le rénover en pierres de granite et de calcaire, afin de mettre en valeur l’ensemble du bâti.
A l’arrière de celui-ci, le plus vieux frêne du village protège le bâtiment des pluies et de la neige qui viennent du midi. Les pierres de calcaire et de granite sont entièrement issues du hameau et du « Fromental », plateau calcaire où était planté le froment, et qui surplombe le village (à gauche quand vous êtes face au gîte).
Enfin, le terrain privatif qui jouxte ce dernier était un magnifique pré au temps de nos arrières grands-parents, d’où le nom qu’il porte : « lo prat del Rey » (le pré du Roi).
Les propriétaires du gîte décidèrent, en 2008, de rénover la grange afin d’en faire une maison d’habitation. Sous les conseils de l’architecte du Parc National des Cévennes, elle fut aménagée en plusieurs pièces : deux chambres, une salle de bain, un salon, une salle à manger et une cuisine (pour une surface totale d’environ 60 m²). Les murs ont été réalisés à l’ancienne avec un crépi à la chaux et le bois y trouve une part prépondérante (chambres avec du parquet, plafonds mansardés avec poutres apparentes). La toiture a été faite avec des lauzes du pays et la charpente en bois de mélèze, soutenue par une belle ferme.
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Il ne restait plus qu’à « baptiser » cette magnifique habitation avant de la proposer aux locataires désireux de s’évader et contempler un endroit insolite en plein cœur du Parc National des Cévennes. Notre famille fut unanime pour le dénommer « Chantegrel », nom qui veut dire en langue occitane « le coq qui chante ». A première vue, cela peut surprendre bien des personnes …
Il n’en est rien.
Tout d’abord, ce nom n’est pas si inconnu dans le village car voici quelques années une personne portait ce nom de famille. En effet, il s’agissait d’Amélie Chantegrel qui naquit le 24 juin 1896 à Racoules, commune de Fraissinet-de-Lozère. Son père était Jean-Louis Chantegrel et sa mère, Amélie Louise Deleuze. D’une famille très modeste, à l’âge de 18 ans, elle entra comme servante à la maison Rouvière, au château de Grizac, où elle travailla âprement. Elle soigna ses employeurs jusqu’à leur mort avec un dévouement extrême. Occupée par son labeur, elle ne se maria jamais. Reconnaissante à l’égard de leur servante, la famille Rouvière, n’ayant pas de parents proches, la fit légataire universelle.
Amélie Chantegrel hérita du château de Grizac où elle vécut « petitement » jusqu’à son décès le 14 mai 1974. Fidèle jusqu’à la mort, elle demanda d’être ensevelie aux pieds de ses maîtres, sous le château. A l’occasion de la restauration du château, les pierres tombales furent débarrassées. Il ne reste aujourd’hui aucune trace d’Amélie …
En mémoire également à notre cousin, Elie Chantegrel, et son frère Louis. Elie naquit le 26 novembre 1932 à Racoules, commune de Fraissinet-de-Lozère, d’Alfred Chantegrel et Louise Bonicel. Issu d’une famille très modeste, Elie grandit à Racoules et devint rapidement comme ses proches, exploitant agricole. Notre grand-mère maternelle, Renée Bourguet, épouse Chaptal, était leur cousine germaine ; Amélie était leur tante. Attaché aux véritables valeurs du métier, Elie conserva, à la mort de ses parents, l’ensemble de la propriété « Chantegrel », au prix de sacrifices importants. Avec une petite instruction que lui donna l’école de la République, Elie accompagné de son frère Louis firent leur « petit bonhomme de chemin ». Aidés dans les tâches administratives par un proche de la famille, les deux frangins poursuivirent le dur métier de « paysan », notamment Louis, tantôt journalier chez un autre exploitant agricole du coin tantôt « homme à tout faire » réalisant quelques corvées sur la propriété commune aux deux frères mais gérée par Elie. Après le décès de son frère, Elie racheta les terres appartenant au « frangin » mais déclina peu à peu au niveau de sa santé.
Notre famille et nous-mêmes allions alors prendre le relais en essayant de lui apporter un brin de bonheur dans une vie pas toujours facile. Petit à petit, Elie Chantegrel connaîtra la dépendance et la solitude du métier ainsi que des soucis de santé qui auront raison de lui. Entre-temps, c’est toute une famille qui s’attacha à un homme brave, fidèle et généreux. Ses petits cousins, Elie, Paul et Louise, le rendirent joyeux et le maintinrent un peu plus à la vie. Sa disparition, le 1er septembre 2011, fut douloureuse pour toute sa famille proche et particulièrement pour Elie, Paul et Louise qui décidèrent de lui rendre hommage en appelant le gîte ainsi.
Effectivement, avec son départ, c’était tout une famille, un nom de famille qui disparaissait... Désormais, le nom « Chantegrel » associé au gîte permettra de le faire voyager de pays en pays, de villes en villes en accueillant des locataires de chaque région.
Quelques informations sur Grizac
Le village de Grizac est situé sur le rebord d’un petit plateau qui s’allonge au pied du Mont-Bougès, côté Nord. Son altitude est d’environ 1 100 mètres. Il est borné au Sud par le vallon de la Blache qui s’étend le long du Tarn jusqu’au Pont-de-Montvert. Au bas du ravin de Grizac coule le Ramponsel, affluent du Tarn (souvent connu par les pêcheurs de la truite fario).
En hauteur du village se trouve le plateau, appelé Fromental (autrefois grenier à grain du village). Grizac s’écrit avec un « Z » au lieu d’un « S » comme autrefois. Selon toutes vraisemblances, Grizac est composé du radical « gris » et de la désignation « ac » ; traduction de « acus » qui dans la basse latinité est synonyme de « Mansio », demeure en français. L’aspect d’un terrain « gris sombre » explique certainement cette dénomination.
Aux abords du village, un menhir appelé « la peyra plantada » est considéré pour certains comme une pierre sacrée amenant la fécondité aux personnes stériles ; pour d’autres un jalonnement utile pendant les tourmentes de neige. Ce menhir présente quelques creux vaguement sculptés dans le granit où la légende voit les traces de la tête et des épaules de la mère de Gargantua qui l’aurait remonté du Tarn tout en tricotant une chaussette pour son énorme fils.
La grande guerre des camisards (guerres de religion) opposant catholiques et protestants commença au Pont-de-Montvert après l’assassinat de l’abbé du Chayla. Après le brûlement des Cévennes ordonné par le roi Louis XIV, notamment en 1703, Grizac connut un exode important.
En 1851, Grizac comptait 151 âmes. Dans les années 90, Grizac ne comptera plus que deux habitants à l’année (Louis et Rachel, figures emblématiques du village). Actuellement, 5 familles vivent à l’année dans ce lieu pittoresque et paisible.
Si vous vous baladez dans le hameau de Grizac, vous pourrez observer également son magnifique four à chaux du XIXème siècle, bâti au pied d’une falaise de calcaire.
En empruntant un chemin étroit qui monte (face au gîte Chantegrel), vous pourrez admirer, sur un splendide plateau appelé « jausade », le Mont-Aigoual et le Mont-Bougès. En poursuivant votre marche vous pourrez rejoindre le lieu dit « la croix », point culminant du village où une vue panoramique vous attend.
Vers le Sud, un autre chemin attend les randonneurs pour admirer un magnifique pont appelé « pont romain ». Les enfants pourront se baigner pendant que les parents s’émerveilleront par la nature (faune et flore) et l’architecture ancienne (moulin) qui les entourent.
Enfin, vous pourrez emmener vos enfants goûter au pied d’un arbre appelé « arbre de Belton » faisant référence à une personne se prénommant Belton Mazauric, menuisier/ébéniste, natif de la commune du Pont-de-Montvert qui venait « méditer », lors de ses vacances estivales, sous ce frêne (arbre le plus répandu dans ce coin géographique).
Vous aurez également la possibilité de faire découvrir à vos enfants une curiosité qui reste l'attraction du village, à savoir un amoncellement de pierres rocheuses de granit appelé plus communément « le lapin ».
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